Les 20 premières minutes
9 oct. 2018 · 6 minutesJe ne sais pas si je vais publier ceci, pour l'instant tout ce que je sais c'est que j'ai envie d'écrire. La raison pour laquelle je suis soudainement enclin à écrire quelque chose c'est que je viens de méditer pour la première fois après avoir regardé un tutoriel sous la forme d'une vidéo YouTube.
J'ai regardé cette vidéo après que quelques amis m'aient dit qu'ils avaient aussi commencé à le faire.
Pourtant, je ne sais même pas vraiment pourquoi je veux écrire ce que j'ai ressenti.
J'ai médité pendant 20 minutes, ce qui signifie que je suis simplement resté assis dans mon salon, les yeux fermés, en essayant de ne penser à rien en particulier.
Pour un observateur extérieur, cela aurait été les 20 minutes les plus ennuyeuses qui soient. J'ai peut-être bougé mes jambes quelques fois, et je me suis aussi gratté le nez. Je ne saurais pas exactement comment résumer ce que j'ai ressenti pendant ces 20 minutes, mais je dirais que j'ai ressenti beaucoup d'émotions différentes et ai été surpris de la rapidité avec laquelle elles se sont enchaînées. Aucune n'était particulièrement forte ni n'a duré tellement longtemps, pour autant que je m'en souvienne... ce qui n'est pas ce à quoi je m'attendais au départ.
J'ai eu l'impression de ressentir un tout petit peu de beaucoup d'émotions différentes. Je ne pense pas que je fasse ça pour donner l'impression que c'est quelque chose d'important, je me sens juste inspiré d'écrire ce que j'ai vécu.
Je vais maintenant essayer de décrire ce que j'ai ressenti vraiment, parce que c'est ce dont je voulais parler au début. Et au fur et à mesure que j'écris, je sens les souvenirs s'éloigner de plus en plus.
Je me suis assis dans mon salon, lumières éteintes, et j'ai lancé le minuteur de 20 minutes sur mon téléphone. Je l'ai poussé un peu plus loin, j'ai fermé les yeux et j'ai arrêté de bouger.
Au début, je n'ai rien ressenti d'intéressant. La première chose qui m'est passée par la tête était "Bon, il reste probablement 19:50 à faire maintenant". Je ne savais pas à quoi ça allait ressembler, mais je voulais essayer et je voulais réussir à "méditer" pendant 20 minutes. Je l'ai mis entre guillemets parce que je ne suis toujours pas sûr de ce que c'est exactement. La seule chose que je sais, c'est que j'ai - selon moi - réussi.
Une fois les premières secondes passées, je me souviens avoir essayé de réfléchir à ce que je faisais, et pourquoi je le faisais. La première pensée qui m'est venue à l'esprit après cela a été "Bon, il me reste probablement 19:40 à ne rien faire. Pourquoi est-ce que je fais ça ?". Après cela, je ne peux plus vraiment garantir l'ordre chronologique de mes souvenirs. Je me souviens de certaines pensées que j'ai eues ici et là, mais je ne saurais pas dire lesquelles ont suivi quelles autres. La seule chose qui revenait sans cesse après chaque "train de pensées" était le temps restant que j'estimais. Je me souviens que cette pensée revenait très fréquemment dans les premiers instants. Je me souviens avoir pensé très précisément aux moments où je pensais qu'il restait "19 minutes", "18 minutes" et "17 minutes".
Je me souviens avoir pensé que je serais capable de faire ça tous les jours. Je me souviens avoir réfléchi à l'endroit où je le ferais si j'étais ailleurs, au moment où je le ferais si je le faisais, car mon emploi du temps varie beaucoup. J'ai pensé à des problèmes logistiques liés à l'activité même que je me concentrais à faire, comme "Suis-je dans la bonne position ?", ou "Y a-t-il trop ou pas assez de lumière ?". Je me rendais compte après un certain temps pour chacune de ces pensées que j'avais besoin de me recentrer et de les laisser s'échapper, car c'était là tout le but de ce que j'essayais de faire.
Je dirais que le fait d'être capable de réaliser que je devais laisser tomber ce "train de pensées" n'était pas naturel. À chaque fois, cela pouvait me prendre entre moins de 5 secondes et plus d'une minute avant d'être capable de laisser mon esprit divaguer à nouveau. Mes pensées des minutes suivantes n'étaient pas tellement plus originales. Je pensais surtout à l'acte de méditer en soit, et à la façon dont j'entendais les gens le faire; mon esprit ne s'est donc pas vraiment égaré. Pourtant, même si cela m'arrivait de temps en temps, il était difficile de penser à "rien" plus de 2 ou 3 secondes.
Au fil du temps, je me souviens avoir continué à essayer de deviner combien de temps il restait entre chacun de ces "trains de pensées". Ceux-ci sont toutefois devenus plus espacés les uns des autres. À ce que j'estimais être environ 13 minutes restantes, je me souviens avoir voulu arrêter parce que j'avais l'impression de vraiment perdre mon temps. J'ai cependant réussi à traiter cette pensée comme les autres pensées que j'ai eues jusqu'à présent, et ai pu la faire taire "naturellement", en me recentrant sur le fait que je voulais réussir ce défi de méditation que je m'étais fixé. Une fois cette pensée égarée, j'ai pu à nouveau me sentir plus détendu. Vers ces moments-là, certaines pensées allaient et venaient sans que l'horloge imaginaire que j'avais ne revienne à chaque fois dans ma tête.
Je me souviens aussi avoir eu des pensées plus diverses, et aussi des émotions diverses. Ce qui était étrange, c'est qu'elles étaient toutes brèves et volatiles, et qu'elles étaient entrelacées avec d'autres pensées concernant des personnes, des événements ou des lieux. La tristesse, la fierté, l'anxiété soudaine, puis se sentir vide, puis vivant, puis à nouveau la remise en question de ce que je faisais là, le souvenir que je ne suis pas censé penser à ces choses, la pensée que j'ai fait un assez mauvais travail en ne pensant pas à ces choses jusqu'à présent, la réalisation que j'analyse la façon dont je percevais que je m'en sortais bien, puis la pensée que la seule façon d'arrêter de suivre ce train de pensées une fois de plus était d'arrêter de penser complètement. Penser que c'était une sacrée aventure d'arrêter de penser à quoi que ce soit, penser que je suis en train de le faire à nouveau, arrêter de penser à nouveau. Il reste probablement 9 ou 11 minutes maintenant.
Quand j'ai arrêté de penser - ou du moins essayé de le faire - une force m'a toujours rapidement fait prendre conscience que j'étais là à essayer de ne penser à rien : mon corps. Lorsque je ne pense à rien, j'ai l'impression que les sensations de mon corps sont les seules choses qu'il me reste à "entendre". Ces sensations ont donc commencé à prendre toute mon attention. De petites choses comme mon pied droit légèrement incliné était maintenant le seul sujet qui occupait mon esprit pendant une seconde, alors qu'il n'avait pas bougé au cours des dernières minutes et qu'il n'avait jusqu'à présent aucune importance. Ces moments m'ont fait réaliser à quel point il est difficile de vraiment "ne penser à rien". On est toujours conscient de quelque chose, on pene toujours intentionnellement à quelque chose, ou si on ne le fait pas, notre cerveau y met quelque chose. Peu importe ce que c'est. Tout ce qu'il peut trouver à ce moment-là.
Après avoir vécu quelques-uns de ces épisodes où mon corps me rappelle qu'il existe, je me souviens avoir estimé qu'il me restait probablement 7 minutes avant de pouvoir arrêter. Je me souviens que mon esprit a recommencé à s'activer sur quelque chose. Je ne me souviens pas de ce que c'était, ni même de sa nature. Mais ce que j'estime être peu de temps après, mon téléphone a sonné. Une horrible alarme par défaut qui m'a fait sursauter et que je vais certainement changer pour la prochaine fois.
20 minutes se sont écoulées. D'habitude, je suis assez bon pour estimer l'heure ou le nombre de minutes qui se sont écoulées. Mais cette fois-ci je me suis trompé et j'étais presque déçu de ne pas avoir 7 minutes de plus pour continuer à laisser divaguer mon esprit. J'aurais pu bien sûr le faire, mais le réveil a été un retour assez brutal à la "réalité". J'ai relevé mon défi de méditer 20 minutes pour la première fois. Je me suis levé de mon canapé avec l'envie d'écrire cet article de blog, je ne sais toujours pas exactement pourquoi.
Pour autant que je me souvienne, c'est la première fois depuis des années que je n'ai intentionnellement fait rien pendant plus d'une minute. Même si pendant ce petit laps de temps il n'a pas été facile de rester motivé pour ne pas tout oublier et retourner à mon ordinateur, je dois dire que ce n'était pas aussi désagréable que je le pensais. Je m'attendais à m'ennuyer, mais au lieu de cela j'ai pu voir comment mon esprit était capable de remplir le vide que j'essayais de créer.
Maintenant, je sais que les bénéfices de la méditation viennent de la régularité, donc je vais essayer de caser des séances dans mon emploi du temps chaque jour, car je suis au moins un peu motivé pour voir ce que cela peut m'apporter sur une plus longue période. Je ne garantis rien cependant, je verrai comment ça se passe.
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